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Les billets de cette catégorie sont des réactions à chaud sur des actualités qu'il convient de lire et discuter accoudé à un zinc.

À Philippe Aigrain

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No Software Patent T-Shirt, juil. 2005

Le 6 juillet 2005, Philippe m'a tenu dans ses bras et embrassé sur la joue.

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De l’intimité, de l’informatique et de la merde à se tromper de concepts

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Pavel Vašíček, Sen o intimitě, 2017« Vie privée », « numérique », ces termes ont envahi peu à peu les discussions dès que l'on évoque quoi que ce soit pour peu que cela touche de près ou de loin à l'utilisation d'Internet. Jusqu’à devenir aujourd'hui incontournables au fur et à mesure que nos pratiques, qu’elles soient sociales, amicales, amoureuses, professionnelles, administratives, économiques, révolutionnaires, etc., s'appuient sur les réseaux informatiques.

Cela fait des mois – qui se sont depuis accumulés en années – que je ressens le besoin d'écrire au sujet de ces deux expressions afin de clarifier le profond malaise qui me submerge dès que je les entends ou les lis. Réticent à donner une simple opinion sans étudier ces sujets en profondeur, afin d'en offrir une critique qui puisse se prétendre radicale, je me suis jusqu'ici retenu de publier le moindre billet – qui n'aurait su être qualifié autrement que « d’humeur ». Je préférais jusqu’à maintenant réagir lapidairement en interpellant les amis fautifs d'employer sans retenue ces vocables. Intuitivement, je ressentais qu’ils étaient trompeurs – défigurant les concepts qu’ils sont censés représenter – et, pour tout dire, réactionnaires et donc contre-productifs dans une optique révolutionnaire. Il aurait fallu bien des lectures et des recherches pour déconstruire, un tant soit peu sérieusement, ce que la « vie privée » et le « numérique » ont de si fallacieux.

L’occasion m’est cependant donnée d’aborder ces deux thèmes – sans toutefois y travailler autant que cela le mériterait – avec la tenue récente d’un atelier de sensibilisation à la protection de nos intimités, organiques et numériques. Ma réaction à l’annonce de cet atelier a en effet été emplie d’affects mêlés, tant de satisfaction que de déception. N’ayant pu m’y rendre, je vais essayer ici d'explorer a minima cette réaction affective afin de dégager – à défaut d’une base théorique solide – quelques pistes de réflexion suffisantes à une critique d’une part de la « vie privée » et du « numérique » d'autre part.

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L'opposition au fétichisme mérite mieux que la dialectique des politiques de l'offre et de la demande

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En lisant ce soir un billet sur le blog de Philippe Aigrain, je n'ai pu m'empêcher de penser au dernier que j'ai moi-même écrit, dans lequel je reprochais à Frédéric Lordon sa pusillanimité à pousser sa réflexion jusqu'au bout et réclamer explicitement une sortie du capitalisme démocratique.

Il me semble en effet qu'à la question initiale posée par le billet de Philippe Aigrain – soit la recherche d'une explication à l'absence d'insurrection face aux manifestations désastreuses de la politique gouvernementale actuelle – il est un peu rapide d'écarter d'un revers de la main la « force des institutions ».

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Muscle ton jeu, Fredo - Frédéric Lordon ou la sortie du capitalisme

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J'aime beaucoup Frédéric Lordon. Principalement lorsque dans ses recherches universitaires, il applique des concepts spinozistes à l'analyse de l'ordre socio-économique actuel. Cela procure par exemple une base théorique solide à la critique du travail. Mais, j'aime également lire « l'autre Lordon », celui qui commente l'actualité politique et économique. Notamment parce je trouve sa prose délectable. Car, bien que lui-même revendique volontiers cette dissociation identitaire, je ne suis pas sûr qu'il y ait lieu de la faire. Le Lordon universitaire se prénomme Frédéric et Lordon reste le patronyme du Frédéric chroniquant la vie politico-économique. D'ailleurs ses études spinozistes transparaissent assez nettement dans les papiers où il expose son interprétation de l'actualité. Et il y a dans ce dernier exercice, un tel humour stylé permettant de délivrer avec panache des critiques assassines envers tout ce et tout ceux qu'il convient de tancer lorsque l'on est « de gauche ». Bref, il existe indéniablement un sentiment de connivence avec Frédéric Lordon.

Cependant, même la pensée lordonienne doit être soumise à son tour à la critique. Car il faut bien avouer que sa pusillanimité à proposer franchement une sortie du capitalisme, tout en prenant soin à ne pas disqualifier un tel but radical, voire à suggérer timidement que cet objectif est tout à fait souhaitable, commence à lasser. Son dernier livre, La Malfaçon - Monnaie européenne et souveraineté démocratique, illustre parfaitement cet agacement. Il s'agit en fait d'un recueil d'articles, que Lordon a précédemment publiés sur son blog, décrivant avec acuité les dérives du système politico-économique européen, mais se contentant d'en tirer la nécessité de mesures d'adaptation dont, il est vrai, on ne peut nier qu'elles sont proposées afin d'atténuer la violence du capitalisme démocratique sur le « peuple ». L'ouvrage est d'ailleurs précédé d'une longue introduction où Lordon tente de se prémunir de toute critique l'accusant de ne pas envisager carrément la sortie de ce système, en arguant que s'il ne conteste pas cet objectif, ce dernier est si radical qu'il ne peut être visé que sur le long terme et que les propositions qu'il avance ont pour but d'adoucir la souffrance qu'il faudrait endurer jusqu'à ce terme éloigné.

Dans cette obstination de Lordon à se limiter à n'avancer que des propositions qui, au final, ne représentent rien de plus qu'un espoir de retour du bon vieux keynésianisme, il y a toutefois plus qu'un désir d'agir dans l'urgence. On peut en effet y déceler une lacune essentielle dans sa critique de l'ordre social capitaliste. Justement, Frédéric Lordon signe un très long article dans le numéro de septembre 2014 du Monde diplomatique, exposant sa vision de ce qu'est véritablement la « gauche » et ce qu'il conviendrait de faire pour tout parti gouvernemental s'en réclamant. C'est l'occasion de mettre en lumière dans cet article – que l'on pourra consulter dans son intégralité à la fin du présent billet – ce qui fait exactement qu'on a envie de lui dire : « Allez Frédéric, lâche-toi un peu ! Va jusqu'au bout de ton analyse du capitalisme démocratique ! Et tires-en la conséquence inévitable que tes mesurettes n'y changeront rien et ne pourront même plus s'appliquer. Dis-le bon sang : il faut s'occuper dès à présent de penser la sortie du capitalisme ! »

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Va faire tes devoirs, p'tit con : vote !

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Suite au vote à l'Assemblée nationale du projet de loi sur la lutte contre le terrorisme, une amie se désolait que celui-ci, et plus encore les débats qui l'ont précédé, mettaient en lumière la convergence dans le sacrifice des libertés des partis de la majorité  – qui, ayant maintenant largement fait preuve qu'ils n'ont plus rien de gauche, sont priés d'être nommés « droite complexée » – et de ceux de l'opposition – dont on a depuis longtemps admis devant l'évidence qu'ils se situaient dans la « droite décomplexée ».

Lui faisant remarquer que malgré ce flagrant étalage de la dangerosité des partis politiques, quels qu'ils soient, elle continuait d'aller voter, je me suis vu répondre que c'était là un devoir. L'argument est tellement dénué de toute intelligence que je n'avais pas songé à l'aborder dans le billet de fond que j'ai déjà consacré à l'abstention. Mais puisque visiblement c'est un argument qu'on ose encore soulever, j'y répondrai rapidement ici, sur un ton plus léger, inaugurant ainsi une nouvelle catégorie de billets, plus courts, réagissant à l'actualité.

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