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Les billets de cette catégorie puisent dans des œuvres externes l'expression de pensées qu'il importe de partager.

Maintenant, des armes

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Des armes au secret des jours
Sous l'herbe dans le ciel et puis dans l'écriture
Des qui vous font rêver très tard dans les lectures
Et qui mettent la poíêsis dans les discours

On passe totalement à côté de ce texte de Léo Ferré si l’on ne comprend pas que les armes y figurent une métaphore des mots. Comme on en manquera encore l’essentiel en ne considérant cette métaphore uniquement en tant que symbole. Car toute sa puissance est enveloppée dans l’Allégorie – au sens qu’en donne Walter Benjamin – qu’elle exprime. Dans cette chanson, il est autant question d’armes que de mots, les deux termes s‘affectant l’un l’autre, dans le lien qui les tient ensemble.

De même, Maintenant, publié par le Comité invisible le 21 avril 2017 aux éditions La Fabrique, ne peut être pleinement saisi, sans y apposer le sous-titre suggéré par un recueil d’écrits d’Auguste Blanqui, paru dans la même maison d’édition, intitulé Maintenant, il faut des armes. Il n’est d’ailleurs pas innocent que ces textes de Blanqui aient été introduits par une préface adressée À un ami, signée par « quelques agents du Parti imaginaire » – Parti imaginaire dont « l’organe conscient », Tiqqun, est de notoriété publique la forme précédemment prise par le Comité invisible, qui plus tard livrera À nos amis.

Car il n’est question dans Maintenant que de forger des armes à même de réaliser « L’insurrection qui vient », d’actualiser l’éthique révolutionnaire qui est au cœur de la pensée livrée par le Comité invisible au fil de ses écrits. La nécessité de se procurer des armes n’a jamais été aussi actuelle que maintenant. Et c’est de cette nécessité que découle Maintenant et dont se préoccupent ceux qui, refusant de se présenter comme « auteurs » – les mots leur venant davantage qu’ils ne leur appartiennent –, peuvent être appelés avec Ferré : poètes de services à la gachette.

Reste à voir comment…

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Marx, de Michel Henry

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henri_marx_internet_lqdn.jpgIl est des livres qui, lorsqu'on les referme sur leur dernière page, laissent irrésistiblement penser que toutes celles qui précèdent devraient être lues, comprises, assimilées par tous ; que le monde tournerait plus rond si ceux qui le meuvent – c'est-à-dire tous ceux qui vivent dans ce monde, en tant que la vie en est justement le principe moteur – étaient instruits et guidés par les réflexions et enseignements exposés dans ces pages. Le Marx de Michel Henry fait indéniablement partie de ces livres essentiels, fondamentaux, radicaux. Car la lecture marxienne qu'y propose Henry touche à l'essence de ce qu'est la vie, ce qui la fonde, en quoi elle prend racine.

On ne saurait mieux résumer cet imposant ouvrage – de presque mille pages – que par le paragraphe qui le conclut :

Parce que l'analyse économique s'enracine dans la structure ultime de l'être et se trouve déterminée par elle, elle puise dans cette origine le principe et le secret de son rayonnement et du pouvoir étrange par lequel elle nous atteint encore aujourd'hui. Pour cette même raison aussi, elle ne saurait prendre place dans un mémento des doctrines économiques. C'est principiellement que la pensée de Marx domine l'histoire. Que la subjectivité forme l'essence de la production ou que, dans un univers socialiste à venir, elle s'en retire et soit rendue à elle-même, elle constitue en tout cas le sol et le thème unique du développement conceptuel. La pensée de Marx nous place devant la question abyssale : qu'est-ce que la vie ?
Michel Henry, Karl Marx, Collection Tel, Gallimard, Paris, 2009, p. 960.

Car le point essentiel dans cette lecture de Marx que propose Michel Henry, c'est de montrer la logique dans l'évolution de la pensée marxienne, culminant avec la critique de l'économie politique du Capital ; et, surtout, que cette philosophie s'appuie tout entière sur une conception radicale de l'immanence de la vie. C'est en effet rien de plus ni rien de moins, rien d'autre que cette force vitale, dont l'Être n'existe que dans l'action en vue de satisfaire ses propres besoins, qui constitue ontologiquement chaque subjectivité individuelle. De là découle toute forme de production. Le travail, au sens capitaliste du terme, n'a d'autre substance. L'aliénation ne signifie rien d'autre que sa capture et son détournement afin de servir l'objectif constitutif du Capital : la reproduction et l'accroissement infini de celui-ci grâce à la création de valeur et de survaleur.

Bien entendu, dans cette puissance vitale, dans cette praxis que Marx, selon Henry, identifie à la réalité même, on reconnaît sans peine l'effort pour persévérer dans son Être qui est au cœur de la philosophie spinoziste – et dont j'ai relevé précédemment la fibre révolutionnaire. C'est tout le génie de Michel Henry de montrer comment Marx analyse la modernité capitaliste comme une entreprise de renversement et de destruction de ce mouvement de la vie transformant la nature pour satisfaire ses besoins.

Ainsi le Marx de Michel Henry est une œuvre radicale, au sens où elle traite de ce qui est à la racine de la vie, de ce qui est précisément attaqué et nié par le capitalisme et, par conséquent, de ce pour quoi il est nécessaire de se révolter !

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À nos amis : l'insurrection spinoziste

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a_nos_amis.jpg S'il est un livre à lire immédiatement, c'est bien À nos amis, signé par le comité invisible et publié ce mois d'octobre par les éditions La Fabrique.

Parce que ce livre approfondit la question révolutionnaire, dans la continuation du travail commencé avec Tiqqun et faisant bien évidemment l'objet du précédent livre rédigé par le comité invisible, L'Insurrection qui vient, mais également de Premières mesures révolutionnaires, bien que signé cette fois-ci par Éric Hazan et Kamo. Parce qu'il évite tout bavardage et pointe très exactement les sujets sur lesquels il importe de s'interroger ici et maintenant. Parce qu'il analyse avec une clairvoyance inégalée la situation actuelle et les insurrections qui ont jailli – puis ont été écrasées – ces dernières années. Parce qu'il offre un éclairage quasi prémonitoire sur les soulèvements qui se produisent mondialement, à peine quelques jours après sa parution, et notamment en France contre les violences policières, suite à l'assassinat de Rémi Fraisse. Parce qu'il développe une attaque au cœur même des infrastructures de pouvoir du capitalisme démocratique. Parce qu'il dénonce sans concession les idéologies, stratégies et tactiques se réclamant « de gauche » mais qui n'ont comme résultat qu'un renforcement de l'ordre social, économique et politique actuel.

Mais aussi, parce que c'est un livre dont il se dégage une puissance indéniable. Parce que ses aphorismes incisifs et ses envolées poétiques touchent directement – sans médiation – le lecteur, tant intellectuellement que corporellement, affectivement ou sensuellement. Parce qu'il s'appuie sur une rare maîtrise d'un socle théorique et philosophique conséquent lui conférant une indéfectible solidité. Parce qu'il suscite immédiatement chez tout révolutionnaire un sentiment de Joie partagée, tant la lecture d'À nos amis conforte et réalise l'idée que l'insurrection n'a jamais été aussi actuelle.

Tout ceci a déjà été mentionné à propos d'À nos amis, dont la sortie a été largement couverte par la presse. Et il n'est pas utile d'avancer ici une opinion supplémentaire sur ce livre. Car il n'est pas question dans cette adresse à l'ami [, à] l'ami que l'on ne connaît pas encore, aussi, d'exposer un point de vue qu'il s'agirait d'approuver ou de critiquer. Je n'en résumerai pas non plus l'enchaînement – qui, pour n'être point linéaire, n'en reste pas moins logique – des propos. Pour savoir sommairement ce que le comité invisible y retranscrit, on pourra se reporter par exemple à la note de lecture juste et fidèle, écrite par Camille Polloni, ou celle en anglais de Paul Cudenec.

On a souvent relevé à juste titre les influences situationnistes ou heideggeriennes du comité invisible. Mais j'aimerais dans ce billet souligner une autre philosophie qui sous-tend l'ensemble de ce dernier livre, en donne une clef de lecture et qui, à ma connaissance, n'a jamais été mentionnée, ni d'ailleurs explicitement revendiquée par le comité invisible. On ne peut même pas dire qu'il s'agisse d'une influence – peu importe que ce soit ou non le cas finalement –, tant cette philosophie apparaît maîtrisée, mise en pratique, en œuvre – mieux : réalisée – dans À nos amis. Car cette philosophie, loin de n'être que spéculation théorique, est une philosophie pratique, une éthique. Et cette éthique, qui est celle que propose le comité invisible comme début de plan pour penser, attaquer, construire, bref pour réaliser l'objectif révolutionnaire, c'est celle de Spinoza.

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Le plateau de Millevaches appelle à bloquer les gendarmeries

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Je relaie ici un appel lancé le 9 novembre 2014 par l'assemblée populaire du plateau de Millevaches, en réponse aux multiples arrêts préfectoraux ayant interdit ces dernières semaines les manifestations organisées contre les violences policières suite à l'assassinat de Rémi Fraisse par des gendarmes dans la nuit du 25 au 26 octobre lors d'une manifestation contre le barrage de Sivens.

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Premières mesures révolutionnaires : se méfier du piège du revenu garanti

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Au milieu de leurs réflexions sur le travail, l'argent et l'économie, Éric Hazan et Kamo abordent dans Premières mesures révolutionnaires le sujet du revenu garanti. Puisqu'ils venaient d'appeler le mouvement insurrectionnel à disjoindre travail et possibilité d'exister, on aurait pu s'attendre à ce qu'ils soutiennent cette proposition, consistant globalement à attribuer à chaque citoyen un revenu tout au long de sa vie, indépendamment du fait qu'il exerce une activité rémunérée. Au contraire, le revenu garanti est jugé être une « fausse bonne idée » dont il convient de se méfier. En effet, selon Kamo et Hazan, sa mise en œuvre irait à l'encontre des objectifs que se fixe une révolution censée renverser le capitalisme démocratique.

J'ai moi-même appelé, pour des raisons tactiques, à soutenir une pétition à l'échelon européen pour une initiative populaire en faveur du revenu garanti – au final cette initiative a été abandonnée faute d'avoir recueilli le nombre suffisant de signatures – je ne me suis cependant jamais exprimé sur le fond de cette proposition, que je suis avec grand intérêt depuis une quinzaine d'années. Ce billet est l'occasion de revoir ce qui est louable ou critiquable dans le revenu garanti.

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Premières mesures révolutionnaires : marginaliser l'argent, éradiquer l'économie

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Revenons où nous nous étions arrêtés dans la discussion de Premières mesures révolutionnaires, le livre d'Éric Hazan et Kamo, c'est-à-dire à la nécessaire abolition du travail. Il n'est bien entendu pas question d'entendre par là une suppression de toute activité humaine « productive » ou non. Quel que soit le mode d'organisation social en vigueur, il sera toujours nécessaire d'accomplir des activités, non seulement pour agir sur la nature et subvenir ainsi aux besoins humains essentiels, mais également parce que c'est dans l'activité que l'humain se réalise. Lorsqu'il est proposé d'abolir le travail, le mot est à prendre dans le sens du travail salarié tel qu'il est effectivement désigné dans la société capitaliste : la dépense auto-référentielle de la simple force de travail sans égard à son contenu.

Mais, il est dès lors impossible de parler d'abolition du travail sans englober son inséparable corollaire : l'argent. Les deux sont indissociables, comme l'illustre avec humour le sketch de Coluche incarnant un chômeur :

Comme souvent, ce trait d'humour – les gens ne réclameraient pas de travail mais uniquement de l'argent – recèle une vérité plus profonde : le but essentiel du travail, dans la société du capitalisme démocratique, est de gagner de l'argent. Force est de constater que le travail est le principal – et pour la majorité des gens, le seul – moyen de parvenir à se procurer l'argent autour duquel tout est organisé dans cette société marchande. Argent et travail sont ainsi le cœur de l'organisation capitaliste. On ne peut que suivre le philosophe André Gorz lorsqu'il dénonce la complicité structurelle [qui] lie le travailleur et le capital : pour l'un et pour l'autre, le but déterminant est de “gagner de l’argent”, le plus d’argent possible (Ecologica, Paris, éditions Galilée, 2008).

Suivons donc Kamo et Hazan dans les mesures proposées quant à l'argent et plus globalement à l'économie.

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Pour en finir avec le désir de travail

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lordon_affects.jpgAu point où nous sommes parvenus – l'indispensable disjonction du travail et de la possibilité d'exister – et avant d'aborder le sujet suivant – l'abolition de l'économie –, qui lui est intimement lié, il me paraît nécessaire de revenir sur l'objection majeure à la critique radicale de l'emploi salarié. Cette critique d'ordre métaphysique revient en fait simplement à opposer à une disparition du travail, un désir de travailler qui nous habiterait quasi-ontologiquement et ferait du travail, sinon l'essence, tout au moins un élément déterminant de la réalisation de soi, par conséquent inattaquable et indépassable.

Il n'est pas question de nier ce « désir de travail ». Cette opinion qui le brandit est on ne peut plus sérieuse, car elle est profondément ancrée. Parlez avec n'importe qui de supprimer le travail, vous aurez toutes les chances de vous heurter soit à une incompréhension frisant l'horreur que vous ne touchiez là à l'inconcevable, soit à un refus catégorique débouchant sur une véritable déclaration d'amour envers le travail. C'est bel et bien là l'une des plus grandes victoires du capitalisme démocratique d'être parvenu à ce que le « désir de travail » soit si parfaitement intériorisé, que ceux-là mêmes qui en subissent les souffrances – pire : ceux-là même qui sont conscients des afflictions que leur cause le travail – en deviennent les plus vaillants défenseurs.

J'ai commencé à répondre à cette objection en montrant, avec Dominique Méda, qu'on ne saurait revendiquer que le travail produit de l'autonomie alors qu'il est intrinsèquement hétéronome, principalement par sa fonction et sa caractéristique première, car le travail est avant tout économique. Il faut sans doute poursuivre cette réfutation et l'approfondir. Car, en présence d'un état d'esprit si profondément enraciné, il ne s'agit de rien de moins que d'en appeler à un changement de mentalité.

Et pour défaire un imaginaire si prégnant, il faut bien toute la puissance des concepts mis à disposition par la philosophie. J'ai déjà effleuré ce que le conatus et les affects, tels que définis dans la philosophie de Spinoza, pouvaient apporter à une réfutation en règle de l'objection considérant que si personne n'est obligé de travailler, nos besoins naturels ne pourraient être satisfaits. Dans une démonstration magistrale, Frédéric Lordon montre, en s'appuyant sur ces mêmes concepts, combien le « désir de travail » ne saurait être vu comme expression d'un « libre arbitre » – dont l'existence est d'ailleurs hautement discutable – mais plutôt comme le produit structurel du capitalisme démocratique. L'évolution du capitalisme – dont Lordon distingue trois phases : pré-fordien, fordiste et néo-libéral – aboutit clairement à cette construction de l'imaginaire faisant du « désir de travail » le vecteur privilégié de la réalisation de soi.

Outre ses talents clairvoyants d'économiste et de philosophe, la dextérité littéraire de Frédéric Lordon rend son propos largement accessible – et ce, malgré la rudesse des concepts et du raisonnement philosophique utilisés. Il est donc temps de s'effacer pour laisser place à de larges citations d'un article intitulé Pour un structuralisme des passions, paru dans la revue Tracés 3/2013 (n° HS-13), p. 49-72 (DOI : 10.4000/traces.5694) et qui est une version remaniée d’un chapitre de l'ouvrage La société des affects. Pour un structuralisme des passions, Seuil, coll. « L'ordre philosophique », 2013, 284 p., ISBN : 978-2-02-111983-1.

La démonstration est longue, car elle nécessite d'expliciter les concepts employés et leur applicabilité aux sciences sociales, mais le raisonnement est limpide, pour peu qu'on soit attentif au chemin qu'il emprunte. Armons-nous donc de patience pour nous en délecter, le jeu en vaut la chandelle !

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Premières mesures révolutionnaires : disjoindre travail et possibilité d'exister

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Nous abordons dans ce quatrième billet autour du livre d'Éric Hazan et Kamo, Premières mesures révolutionnaires, les mesures qui, en mettant en cause les deux piliers du capitalisme démocratique que sont le travail et l'économie, augurent un changement radical de notre quotidien dans notre manière de faire société. Celle-ci est en effet quasi exclusivement organisée, dans l'ordre social dominant actuel, autour du travail salarié et de la recherche de l'abondance économique. Et le capitalisme démocratique parvient à imposer sa domination sur la quasi intégralité de notre mode de vie précisément grâce au travail et à l'économie.

Cette omnipotence du travail et de l'économie dans l'ordre social dominant actuel est telle qu'il est nécessaire – en complément de la posture adoptée par Kamo et Hazan de ne pas s'étendre sur le constat de sa faillite – de revenir sur les raisons exigeant qu'une insurrection s'attaque de front à ces deux piliers. Ce billet s'attache ainsi à ne discuter temporairement que du seul travail, tant la discussion à son seul propos peut être riche, laissant la critique de l'économie au billet suivant. Contrairement aux précédents billets, celui-ci ne suit donc pas linéairement le texte de Premières mesures révolutionnaires qui associe travail et économie, constatant avec justesse que les deux notions sont indissociables. Il est toutefois plus que probable qu'en explorant en détail les mesures requises pour mettre en pièces l'imposant pilier du travail, ses fondations dans l'économie soient ébranlées dans le même mouvement…

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Premières mesures révolutionnaires : créer l'irréversible

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Les précédents billets présentaient l'objectif de Premières mesures révolutionnaires – devenir à jamais ingouvernables – et désignaient le capitalisme démocratique comme adversaire, nous abordons maintenant la seconde partie du petit livre d'Éric Hazan et Kamo dont les quelques 65 pages en constituent le cœur : quelles mesures prendre immédiatement après une insurrection victorieuse pour que le renversement du capitalisme démocratique soit irréversible ?

D'abord, il s'agit identifier les erreurs commises lors de précédents soulèvements ayant signé l'échec de ces derniers à renverser l'ordre établi de manière définitive. La première mesure à prendre est en effet de ne pas répéter ces mêmes erreurs. Cette formulation de la séquence d'actions, reproduite avec constance, ayant conduit les révolutions passées à un renversement contre-révolutionnaire est l'un des apports majeur – auquel se consacre le présent billet – de ce livre.

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Premières mesures révolutionnaires : on a raison de se révolter

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Après avoir présenté Premières mesures révolutionnaires d'Éric Hazan et Kamo et laissé entrevoir l'importance que revêt ce livre en s'attachant à ce qu'il convient de faire, juste après le renversement insurrectionnel, afin de rester à jamais ingouvernables, ce billet aborde la première partie de l'ouvrage, intitulée « On a raison de se révolter ».

Il y a avant tout dans ce titre la confirmation réconfortante que l'insurrection est bien la voie inévitable à suivre pour parvenir à nos fins. On pourrait s'attendre à y trouver un constat de l'ordre social actuel mettant en évidence les raisons poussant à son renversement. Il n'en n'est rien, comme on en avait été averti dès l'introduction : il n'est pas utile de ressasser une critique supplémentaire des rapports de domination qui éveillerait les consciences afin de pousser à s'en insurger.

Kamo et Hazan développent plutôt dans cette rapide partie de quatorze pages ce qu'il est nécessaire de poser avant de s'attaquer aux mesures à prendre pour faire perdurer un nouvel ordre social : quelle doit être la cible précise de l'insurrection ? Que doit-elle abolir ? Bref – pour emprunter au vocabulaire guerrier – quel est l'ennemi à abattre ?

Et la réponse peut surprendre…

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Premières mesures révolutionnaires

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hazan_kamo.jpgOn entend souvent que les révolutions ne se font qu'aux beaux jours – allant jusqu'à situer au printemps les soulèvements de l'hiver 2011 dans le monde arabe. Il souffle pourtant sur l'automne 2013, un vent révolutionnaire dont les bourrasques se font sentir jusque dans la sacro-sainte rentrée littéraire. Au milieu de ces rafales, un ouragan atteignant 12° sur l'échelle de Beaufort : Premières mesures révolutionnaires d'Éric Hazan et Kamo.

Ce petit livre d'à peine plus d'une centaine de pages, que j'ai dévorées en quelques heures, est d'une telle richesse, d'une telle densité, d'un tel foisonnement de questions, problématiques et sujets dont je désire traiter sur ce blog, qu'il nécessite d'y consacrer une série de billets, dans lesquels je reviendrai en détail sur le propos du livre d'Hazan et Kamo en le ponctuant de nombreuses citations.

Mais surtout, la force de cette tempête soufflée par Premières mesures révolutionnaires vient moins de ce qu'il y est couché par écrit que de ce qui est mis en branle et demande à être enrichi des multiples vents, bises, brises, alizés, zéphyrs, simouns, siroccos, ponants, moussons, foehns, mistrals ou tramontanes se déchaînant durant toute insurrection. Ce livre est avant tout une invitation à se joindre et amplifier la discussion qui bruisse dans ses pages. Je tenterai donc dans la série de billets s'ouvrant ici par une présentation globale du livre de répondre à cette invitation venteuse en insufflant mes propres commentaires et inspirations tout au long de la trame proposée par Éric Hazan et Kamo.

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Robespierre et la propriété

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M'étant attaqué à la propriété en concluant qu'en aucun cas une insurrection se proposant d'inverser l'ordre social voltairien – sacralisant les rapports de domination des possédants – ne peut esquiver une négation totale du caractère sacré du droit de propriété. Ayant exposé en quelques citations la philosophie de Jean-Jacques Rousseau sur la propriété. Je souhaiterais dans ce billet partager un discours de Maximilien Robespierre devant la Convention, dans lequel celui-ci livrait sa conception d'une propriété qu'on ne peut nullement dériver du droit naturel, car elle est une institution sociale et relève de ce fait de la loi qui la définira.

Robespierre nous donne ici un exemple d'action politique possible en vue de la désacralisation de la propriété lorsqu'il répond au projet de Constitution élaborée par Condorcet en définissant juridiquement les articles qu'il souhaite voir figurer dans la Déclaration des droits de l'Homme.

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Rousseau, citoyen du futur

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jouary_rousseau_citoyen_futur.jpg Je reviens comme promis sur le livre de Jean-Paul Jouary 'Rousseau, citoyen du futur, Le Livre de Poche, collection Classiques de la philosophie, 2012. EAN13 : 2253089247.

Il est des lectures qui marquent, qui bouleversent, qui donnent envie de les partager, qui font naître le besoin que ses propres amis s'y soient de même plongés, parce qu'en sortant de telles lectures, rien n'apparaît plus intéressant à débattre que ce que l'on vient de vivre au contact de tels écrits.

Je ne sais laquelle de celle du petit livre de Jean-Paul Jouary ou de la lecture immédiate du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, de Jean-Jacques Rousseau lui-même, fait partie au plus au degré de ce genre de lectures indispensables. Mais j'aimerais montrer dans ce billet combien la philosophie politique et sociale de Rousseau se calque parfaitement et inspire l'urgente nécessité d'insurrection que je dénonce sur ce blog, contre les rapports de domination, s'exprimant dans la conservation de l'ordre social voltairien basé sur une sacralisation de la propriété.

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