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Maintenant, des armes

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Des armes au secret des jours
Sous l'herbe dans le ciel et puis dans l'écriture
Des qui vous font rêver très tard dans les lectures
Et qui mettent la poíêsis dans les discours

On passe totalement à côté de ce texte de Léo Ferré si l’on ne comprend pas que les armes y figurent une métaphore des mots. Comme on en manquera encore l’essentiel en ne considérant cette métaphore uniquement en tant que symbole. Car toute sa puissance est enveloppée dans l’Allégorie – au sens qu’en donne Walter Benjamin – qu’elle exprime. Dans cette chanson, il est autant question d’armes que de mots, les deux termes s‘affectant l’un l’autre, dans le lien qui les tient ensemble.

De même, Maintenant, publié par le Comité invisible le 21 avril 2017 aux éditions La Fabrique, ne peut être pleinement saisi, sans y apposer le sous-titre suggéré par un recueil d’écrits d’Auguste Blanqui, paru dans la même maison d’édition, intitulé Maintenant, il faut des armes. Il n’est d’ailleurs pas innocent que ces textes de Blanqui aient été introduits par une préface adressée À un ami, signée par « quelques agents du Parti imaginaire » – Parti imaginaire dont « l’organe conscient », Tiqqun, est de notoriété publique la forme précédemment prise par le Comité invisible, qui plus tard livrera À nos amis.

Car il n’est question dans Maintenant que de forger des armes à même de réaliser « L’insurrection qui vient », d’actualiser l’éthique révolutionnaire qui est au cœur de la pensée livrée par le Comité invisible au fil de ses écrits. La nécessité de se procurer des armes n’a jamais été aussi actuelle que maintenant. Et c’est de cette nécessité que découle Maintenant et dont se préoccupent ceux qui, refusant de se présenter comme « auteurs » – les mots leur venant davantage qu’ils ne leur appartiennent –, peuvent être appelés avec Ferré : poètes de services à la gachette.

Reste à voir comment…

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À nos amis : l'insurrection spinoziste

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a_nos_amis.jpg S'il est un livre à lire immédiatement, c'est bien À nos amis, signé par le comité invisible et publié ce mois d'octobre par les éditions La Fabrique.

Parce que ce livre approfondit la question révolutionnaire, dans la continuation du travail commencé avec Tiqqun et faisant bien évidemment l'objet du précédent livre rédigé par le comité invisible, L'Insurrection qui vient, mais également de Premières mesures révolutionnaires, bien que signé cette fois-ci par Éric Hazan et Kamo. Parce qu'il évite tout bavardage et pointe très exactement les sujets sur lesquels il importe de s'interroger ici et maintenant. Parce qu'il analyse avec une clairvoyance inégalée la situation actuelle et les insurrections qui ont jailli – puis ont été écrasées – ces dernières années. Parce qu'il offre un éclairage quasi prémonitoire sur les soulèvements qui se produisent mondialement, à peine quelques jours après sa parution, et notamment en France contre les violences policières, suite à l'assassinat de Rémi Fraisse. Parce qu'il développe une attaque au cœur même des infrastructures de pouvoir du capitalisme démocratique. Parce qu'il dénonce sans concession les idéologies, stratégies et tactiques se réclamant « de gauche » mais qui n'ont comme résultat qu'un renforcement de l'ordre social, économique et politique actuel.

Mais aussi, parce que c'est un livre dont il se dégage une puissance indéniable. Parce que ses aphorismes incisifs et ses envolées poétiques touchent directement – sans médiation – le lecteur, tant intellectuellement que corporellement, affectivement ou sensuellement. Parce qu'il s'appuie sur une rare maîtrise d'un socle théorique et philosophique conséquent lui conférant une indéfectible solidité. Parce qu'il suscite immédiatement chez tout révolutionnaire un sentiment de Joie partagée, tant la lecture d'À nos amis conforte et réalise l'idée que l'insurrection n'a jamais été aussi actuelle.

Tout ceci a déjà été mentionné à propos d'À nos amis, dont la sortie a été largement couverte par la presse. Et il n'est pas utile d'avancer ici une opinion supplémentaire sur ce livre. Car il n'est pas question dans cette adresse à l'ami [, à] l'ami que l'on ne connaît pas encore, aussi, d'exposer un point de vue qu'il s'agirait d'approuver ou de critiquer. Je n'en résumerai pas non plus l'enchaînement – qui, pour n'être point linéaire, n'en reste pas moins logique – des propos. Pour savoir sommairement ce que le comité invisible y retranscrit, on pourra se reporter par exemple à la note de lecture juste et fidèle, écrite par Camille Polloni, ou celle en anglais de Paul Cudenec.

On a souvent relevé à juste titre les influences situationnistes ou heideggeriennes du comité invisible. Mais j'aimerais dans ce billet souligner une autre philosophie qui sous-tend l'ensemble de ce dernier livre, en donne une clef de lecture et qui, à ma connaissance, n'a jamais été mentionnée, ni d'ailleurs explicitement revendiquée par le comité invisible. On ne peut même pas dire qu'il s'agisse d'une influence – peu importe que ce soit ou non le cas finalement –, tant cette philosophie apparaît maîtrisée, mise en pratique, en œuvre – mieux : réalisée – dans À nos amis. Car cette philosophie, loin de n'être que spéculation théorique, est une philosophie pratique, une éthique. Et cette éthique, qui est celle que propose le comité invisible comme début de plan pour penser, attaquer, construire, bref pour réaliser l'objectif révolutionnaire, c'est celle de Spinoza.

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