Pas content !

Le plateau de Millevaches appelle à bloquer les gendarmeries

dans la catégorie Ressources

Je relaie ici un appel lancé le 9 novembre 2014 par l'assemblée populaire du plateau de Millevaches, en réponse aux multiples arrêts préfectoraux ayant interdit ces dernières semaines les manifestations organisées contre les violences policières suite à l'assassinat de Rémi Fraisse par des gendarmes dans la nuit du 25 au 26 octobre lors d'une manifestation contre le barrage de Sivens.

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L'opposition au fétichisme mérite mieux que la dialectique des politiques de l'offre et de la demande

dans la catégorie Au comptoir

En lisant ce soir un billet sur le blog de Philippe Aigrain, je n'ai pu m'empêcher de penser au dernier que j'ai moi-même écrit, dans lequel je reprochais à Frédéric Lordon sa pusillanimité à pousser sa réflexion jusqu'au bout et réclamer explicitement une sortie du capitalisme démocratique.

Il me semble en effet qu'à la question initiale posée par le billet de Philippe Aigrain – soit la recherche d'une explication à l'absence d'insurrection face aux manifestations désastreuses de la politique gouvernementale actuelle – il est un peu rapide d'écarter d'un revers de la main la « force des institutions ».

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Muscle ton jeu, Fredo - Frédéric Lordon ou la sortie du capitalisme

dans la catégorie Au comptoir

J'aime beaucoup Frédéric Lordon. Principalement lorsque dans ses recherches universitaires, il applique des concepts spinozistes à l'analyse de l'ordre socio-économique actuel. Cela procure par exemple une base théorique solide à la critique du travail. Mais, j'aime également lire « l'autre Lordon », celui qui commente l'actualité politique et économique. Notamment parce je trouve sa prose délectable. Car, bien que lui-même revendique volontiers cette dissociation identitaire, je ne suis pas sûr qu'il y ait lieu de la faire. Le Lordon universitaire se prénomme Frédéric et Lordon reste le patronyme du Frédéric chroniquant la vie politico-économique. D'ailleurs ses études spinozistes transparaissent assez nettement dans les papiers où il expose son interprétation de l'actualité. Et il y a dans ce dernier exercice, un tel humour stylé permettant de délivrer avec panache des critiques assassines envers tout ce et tout ceux qu'il convient de tancer lorsque l'on est « de gauche ». Bref, il existe indéniablement un sentiment de connivence avec Frédéric Lordon.

Cependant, même la pensée lordonienne doit être soumise à son tour à la critique. Car il faut bien avouer que sa pusillanimité à proposer franchement une sortie du capitalisme, tout en prenant soin à ne pas disqualifier un tel but radical, voire à suggérer timidement que cet objectif est tout à fait souhaitable, commence à lasser. Son dernier livre, La Malfaçon - Monnaie européenne et souveraineté démocratique, illustre parfaitement cet agacement. Il s'agit en fait d'un recueil d'articles, que Lordon a précédemment publiés sur son blog, décrivant avec acuité les dérives du système politico-économique européen, mais se contentant d'en tirer la nécessité de mesures d'adaptation dont, il est vrai, on ne peut nier qu'elles sont proposées afin d'atténuer la violence du capitalisme démocratique sur le « peuple ». L'ouvrage est d'ailleurs précédé d'une longue introduction où Lordon tente de se prémunir de toute critique l'accusant de ne pas envisager carrément la sortie de ce système, en arguant que s'il ne conteste pas cet objectif, ce dernier est si radical qu'il ne peut être visé que sur le long terme et que les propositions qu'il avance ont pour but d'adoucir la souffrance qu'il faudrait endurer jusqu'à ce terme éloigné.

Dans cette obstination de Lordon à se limiter à n'avancer que des propositions qui, au final, ne représentent rien de plus qu'un espoir de retour du bon vieux keynésianisme, il y a toutefois plus qu'un désir d'agir dans l'urgence. On peut en effet y déceler une lacune essentielle dans sa critique de l'ordre social capitaliste. Justement, Frédéric Lordon signe un très long article dans le numéro de septembre 2014 du Monde diplomatique, exposant sa vision de ce qu'est véritablement la « gauche » et ce qu'il conviendrait de faire pour tout parti gouvernemental s'en réclamant. C'est l'occasion de mettre en lumière dans cet article – que l'on pourra consulter dans son intégralité à la fin du présent billet – ce qui fait exactement qu'on a envie de lui dire : « Allez Frédéric, lâche-toi un peu ! Va jusqu'au bout de ton analyse du capitalisme démocratique ! Et tires-en la conséquence inévitable que tes mesurettes n'y changeront rien et ne pourront même plus s'appliquer. Dis-le bon sang : il faut s'occuper dès à présent de penser la sortie du capitalisme ! »

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Va faire tes devoirs, p'tit con : vote !

dans la catégorie Au comptoir

Suite au vote à l'Assemblée nationale du projet de loi sur la lutte contre le terrorisme, une amie se désolait que celui-ci, et plus encore les débats qui l'ont précédé, mettaient en lumière la convergence dans le sacrifice des libertés des partis de la majorité  – qui, ayant maintenant largement fait preuve qu'ils n'ont plus rien de gauche, sont priés d'être nommés « droite complexée » – et de ceux de l'opposition – dont on a depuis longtemps admis devant l'évidence qu'ils se situaient dans la « droite décomplexée ».

Lui faisant remarquer que malgré ce flagrant étalage de la dangerosité des partis politiques, quels qu'ils soient, elle continuait d'aller voter, je me suis vu répondre que c'était là un devoir. L'argument est tellement dénué de toute intelligence que je n'avais pas songé à l'aborder dans le billet de fond que j'ai déjà consacré à l'abstention. Mais puisque visiblement c'est un argument qu'on ose encore soulever, j'y répondrai rapidement ici, sur un ton plus léger, inaugurant ainsi une nouvelle catégorie de billets, plus courts, réagissant à l'actualité.

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Voter tue

dans la catégorie Insurrection

Voter tue

Je ne vote plus depuis cinq ans. Le choix de l'abstention ne fut pas une décision facile à prendre, mais mûrement réfléchie. Ce refus de voter a suscité dans mon entourage de vives critiques, souvent enflammées, comme s'il représentait quelque chose qui sortait de l'ordre du concevable et par là-même de l'acceptable. Pourtant, plus ma réflexion sur le sujet avance, plus elle me conforte dans ce choix conscient d'abstention active. Plus aussi, la critique qu'il exprime se radicalise, au point qu'à présent, j'en viens à considérer comme une stupidité aveugle le conformisme de ceux qui se résignent encore à voter. Ce billet tente d'expliciter le raisonnement qui me conduit aujourd'hui à approuver la justesse de ce slogan tagué sur un mur du XXe arrondissement de Paris, photographié en février 2012 : « Voter tue ! ».

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Premières mesures révolutionnaires : se méfier du piège du revenu garanti

dans la catégorie Ressources

Au milieu de leurs réflexions sur le travail, l'argent et l'économie, Éric Hazan et Kamo abordent dans Premières mesures révolutionnaires le sujet du revenu garanti. Puisqu'ils venaient d'appeler le mouvement insurrectionnel à disjoindre travail et possibilité d'exister, on aurait pu s'attendre à ce qu'ils soutiennent cette proposition, consistant globalement à attribuer à chaque citoyen un revenu tout au long de sa vie, indépendamment du fait qu'il exerce une activité rémunérée. Au contraire, le revenu garanti est jugé être une « fausse bonne idée » dont il convient de se méfier. En effet, selon Kamo et Hazan, sa mise en œuvre irait à l'encontre des objectifs que se fixe une révolution censée renverser le capitalisme démocratique.

J'ai moi-même appelé, pour des raisons tactiques, à soutenir une pétition à l'échelon européen pour une initiative populaire en faveur du revenu garanti – au final cette initiative a été abandonnée faute d'avoir recueilli le nombre suffisant de signatures – je ne me suis cependant jamais exprimé sur le fond de cette proposition, que je suis avec grand intérêt depuis une quinzaine d'années. Ce billet est l'occasion de revoir ce qui est louable ou critiquable dans le revenu garanti.

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Programme de recherche

dans la catégorie Pas content !

Cela fait maintenant pratiquement cinq mois que je n'ai rien publié sur ce blog. Je ne l'ai pas abandonné pour autant et j'ai poursuivi mes recherches par un grand nombre de lectures, de visionnages ou d'écoutes, ainsi qu'en assistant à quelques conférences ou par la discussion informelle tant en ligne que lors de rencontres de visu, tout cela ayant suscité nombre de réflexions qui demandent à être approfondies…

J'aimerais dans ce billet recenser les diverses pistes de recherche que je compte explorer – que ce soit à court, moyen ou long terme – et qui devraient donner lieu à la publication de mes réflexions sur ce blog. Il s'agit donc d'un « meta billet » dont j'espère que l'intérêt, s'il est en première instance tout personnel – visant à organiser mes propres recherches intellectuelles ‑, pourrait être pour tout visiteur de ce blog d'avoir un panorama de qu'il pourra y trouver.

L'objectif de ce blog n'a pas changé : expliciter ce qui fait naître et nourri [l']envie d'insurrection [et] pourquoi l'insurrection est la seule réponse possible au renversement des rapports de domination, car c'est bien ce renversement qui me semble constituer une urgente priorité. L'ensemble des recherches que je compte effectuer s'inscrit ainsi dans ce but insurrectionnel.

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La ruine des brevets logiciels : it's the stupid economy!

dans la catégorie Informatologie

Pour écrire un billet traitant de l'économie, j'ai dû me plonger dans une montagne de lectures sur la théorie économique, depuis Xénophon et Aristote, jusqu'à la wertkritik, la théorie de la régulation, le capitalisme cognitif ou l'écologie politique, en passant par Marx, Smith et Ricardo. Le principal enseignement que j'en tire est que, comme toute science sociale, l'économie vise à produire des modèles de la société dans laquelle nous vivons, afin de nous aider à la comprendre et la maîtriser.

Le propre de l'économie du capitalisme démocratique est cependant de dépasser cette phase de modélisation en érigeant les modèles conçus au rang de vérité absolue, non seulement rendant compte de la totalité de la réalité, mais en commandant que toute action sur la réalité se conforme à ces modèles. L'abstraction – c'est-à-dire étymologiquement l'extraction, la séparation, l'ablation d'une partie d'un tout –, qui a permis de construire ces modèles économiques à partir de la réalité, est consciencieusement dissimulée. Il en résulte une objectivation, une réification du produit de cette abstraction qui se présente à nous comme capable d'exercer un pouvoir – s'affichant comme naturel alors qu'il est socialement construit –, sur nos vies. Même les plus « sociaux-démocrates » des réformateurs reconnaissent qu'il s'agit là d'une stupidité et qu'il conviendrait de remettre l'économie à sa place : celle de l'élaboration de modèles abstraits qui doivent être pris en tant que tels : abstraits, ne représentant qu'une projection partielle – mutilée – de la réalité et devant ainsi se soumettre à sa totalité et non l'inverse. « Faire primer la politique, la démocratie, l'humain – faites votre choix ! – sur l'économie » est le slogan rendant compte de la prise de conscience de la stupidité de l'économie en tant que délire hégémonique.

Mais l'économie du capitalisme démocratique est stupide à plus d'un titre. Elle l'est surtout dans ses fondements mêmes. L'analyse de ce en quoi elle consiste ne peut que conduire à conclure qu'elle est génétiquement conçue pour aboutir à sa propre fin – et ce de manière endogène. Or, cette analyse est centrée autour du concept de valeur. La valorisation de la valeur est ce qui définit le but du capitalisme.

On touche là à quelque chose que je connais bien. De par ma formation en informatique, la manipulation des valeurs est au cœur des logiciels que je programme quotidiennement. Mais l'écho entre économie et informatologie ne s'arrête pas ici. C'est en m'engageant dans l'activisme contre les brevets logiciels que j'ai défini le terme d'informatologie, comme étant l'étude de l'informatique ne s'arrêtant pas au seul angle purement technique – par exemple de la programmation –, mais englobant une critique l'abordant sous ses aspects sociologique, historique, économique, politique, éthique et philosophique : l'informatologue est à l'informaticien ce que le politologue est au politicien.

C'est dans ce champ précis que la crise du capitalisme démocratique rencontre la crise du système des brevets. Ce billet, en explorant le parallèle entre l'économie capitaliste et les brevets logiciels, se propose de montrer que l'un et l'autre s'acheminent à grand pas vers leur anéantissement et qu'il importe qu'ils soient dépassés.

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Premières mesures révolutionnaires : marginaliser l'argent, éradiquer l'économie

dans la catégorie Ressources

Revenons où nous nous étions arrêtés dans la discussion de Premières mesures révolutionnaires, le livre d'Éric Hazan et Kamo, c'est-à-dire à la nécessaire abolition du travail. Il n'est bien entendu pas question d'entendre par là une suppression de toute activité humaine « productive » ou non. Quel que soit le mode d'organisation social en vigueur, il sera toujours nécessaire d'accomplir des activités, non seulement pour agir sur la nature et subvenir ainsi aux besoins humains essentiels, mais également parce que c'est dans l'activité que l'humain se réalise. Lorsqu'il est proposé d'abolir le travail, le mot est à prendre dans le sens du travail salarié tel qu'il est effectivement désigné dans la société capitaliste : la dépense auto-référentielle de la simple force de travail sans égard à son contenu.

Mais, il est dès lors impossible de parler d'abolition du travail sans englober son inséparable corollaire : l'argent. Les deux sont indissociables, comme l'illustre avec humour le sketch de Coluche incarnant un chômeur :

Comme souvent, ce trait d'humour – les gens ne réclameraient pas de travail mais uniquement de l'argent – recèle une vérité plus profonde : le but essentiel du travail, dans la société du capitalisme démocratique, est de gagner de l'argent. Force est de constater que le travail est le principal – et pour la majorité des gens, le seul – moyen de parvenir à se procurer l'argent autour duquel tout est organisé dans cette société marchande. Argent et travail sont ainsi le cœur de l'organisation capitaliste. On ne peut que suivre le philosophe André Gorz lorsqu'il dénonce la complicité structurelle [qui] lie le travailleur et le capital : pour l'un et pour l'autre, le but déterminant est de “gagner de l’argent”, le plus d’argent possible (Ecologica, Paris, éditions Galilée, 2008).

Suivons donc Kamo et Hazan dans les mesures proposées quant à l'argent et plus globalement à l'économie.

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Pour en finir avec le désir de travail

dans la catégorie Ressources

lordon_affects.jpgAu point où nous sommes parvenus – l'indispensable disjonction du travail et de la possibilité d'exister – et avant d'aborder le sujet suivant – l'abolition de l'économie –, qui lui est intimement lié, il me paraît nécessaire de revenir sur l'objection majeure à la critique radicale de l'emploi salarié. Cette critique d'ordre métaphysique revient en fait simplement à opposer à une disparition du travail, un désir de travailler qui nous habiterait quasi-ontologiquement et ferait du travail, sinon l'essence, tout au moins un élément déterminant de la réalisation de soi, par conséquent inattaquable et indépassable.

Il n'est pas question de nier ce « désir de travail ». Cette opinion qui le brandit est on ne peut plus sérieuse, car elle est profondément ancrée. Parlez avec n'importe qui de supprimer le travail, vous aurez toutes les chances de vous heurter soit à une incompréhension frisant l'horreur que vous ne touchiez là à l'inconcevable, soit à un refus catégorique débouchant sur une véritable déclaration d'amour envers le travail. C'est bel et bien là l'une des plus grandes victoires du capitalisme démocratique d'être parvenu à ce que le « désir de travail » soit si parfaitement intériorisé, que ceux-là mêmes qui en subissent les souffrances – pire : ceux-là même qui sont conscients des afflictions que leur cause le travail – en deviennent les plus vaillants défenseurs.

J'ai commencé à répondre à cette objection en montrant, avec Dominique Méda, qu'on ne saurait revendiquer que le travail produit de l'autonomie alors qu'il est intrinsèquement hétéronome, principalement par sa fonction et sa caractéristique première, car le travail est avant tout économique. Il faut sans doute poursuivre cette réfutation et l'approfondir. Car, en présence d'un état d'esprit si profondément enraciné, il ne s'agit de rien de moins que d'en appeler à un changement de mentalité.

Et pour défaire un imaginaire si prégnant, il faut bien toute la puissance des concepts mis à disposition par la philosophie. J'ai déjà effleuré ce que le conatus et les affects, tels que définis dans la philosophie de Spinoza, pouvaient apporter à une réfutation en règle de l'objection considérant que si personne n'est obligé de travailler, nos besoins naturels ne pourraient être satisfaits. Dans une démonstration magistrale, Frédéric Lordon montre, en s'appuyant sur ces mêmes concepts, combien le « désir de travail » ne saurait être vu comme expression d'un « libre arbitre » – dont l'existence est d'ailleurs hautement discutable – mais plutôt comme le produit structurel du capitalisme démocratique. L'évolution du capitalisme – dont Lordon distingue trois phases : pré-fordien, fordiste et néo-libéral – aboutit clairement à cette construction de l'imaginaire faisant du « désir de travail » le vecteur privilégié de la réalisation de soi.

Outre ses talents clairvoyants d'économiste et de philosophe, la dextérité littéraire de Frédéric Lordon rend son propos largement accessible – et ce, malgré la rudesse des concepts et du raisonnement philosophique utilisés. Il est donc temps de s'effacer pour laisser place à de larges citations d'un article intitulé Pour un structuralisme des passions, paru dans la revue Tracés 3/2013 (n° HS-13), p. 49-72 (DOI : 10.4000/traces.5694) et qui est une version remaniée d’un chapitre de l'ouvrage La société des affects. Pour un structuralisme des passions, Seuil, coll. « L'ordre philosophique », 2013, 284 p., ISBN : 978-2-02-111983-1.

La démonstration est longue, car elle nécessite d'expliciter les concepts employés et leur applicabilité aux sciences sociales, mais le raisonnement est limpide, pour peu qu'on soit attentif au chemin qu'il emprunte. Armons-nous donc de patience pour nous en délecter, le jeu en vaut la chandelle !

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Premières mesures révolutionnaires : disjoindre travail et possibilité d'exister

dans la catégorie Ressources

Nous abordons dans ce quatrième billet autour du livre d'Éric Hazan et Kamo, Premières mesures révolutionnaires, les mesures qui, en mettant en cause les deux piliers du capitalisme démocratique que sont le travail et l'économie, augurent un changement radical de notre quotidien dans notre manière de faire société. Celle-ci est en effet quasi exclusivement organisée, dans l'ordre social dominant actuel, autour du travail salarié et de la recherche de l'abondance économique. Et le capitalisme démocratique parvient à imposer sa domination sur la quasi intégralité de notre mode de vie précisément grâce au travail et à l'économie.

Cette omnipotence du travail et de l'économie dans l'ordre social dominant actuel est telle qu'il est nécessaire – en complément de la posture adoptée par Kamo et Hazan de ne pas s'étendre sur le constat de sa faillite – de revenir sur les raisons exigeant qu'une insurrection s'attaque de front à ces deux piliers. Ce billet s'attache ainsi à ne discuter temporairement que du seul travail, tant la discussion à son seul propos peut être riche, laissant la critique de l'économie au billet suivant. Contrairement aux précédents billets, celui-ci ne suit donc pas linéairement le texte de Premières mesures révolutionnaires qui associe travail et économie, constatant avec justesse que les deux notions sont indissociables. Il est toutefois plus que probable qu'en explorant en détail les mesures requises pour mettre en pièces l'imposant pilier du travail, ses fondations dans l'économie soient ébranlées dans le même mouvement…

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Interlude de la solitude

dans la catégorie Poésies

Prenant beaucoup de temps pour rédiger les prochains billets autour du livre d'Éric Hazan et Kamo, Premières mesures révolutionnaires, qui aborderont les questions – si fondamentales qu'elles demandent une étude sérieuse retardant la publication de ces billets – liées au travail et à l'économie, j’interromps momentanément cette série de billets, pour partager un texte et une musique de Léo Ferré : La solitude.

Il y a dans cette chanson tout à la fois une beauté artistique indéniable, une poésie dont les mots ont cette acuité magnifique qui vient directement frapper les sensibilités, une puissance politique évidemment porteuse d'insurrection et cette aisance à démonter les lieux communs – en l'occurrence que la solitude ne pourrait engendrer que la compassion envers celui qui l'éprouve en raison de la croyance pathologique que la solitude serait indiscutablement à plaindre, ou qu'elle irait à l'exact opposé du concept de fraternité dont le caractère éminemment subversif en fait, selon moi, un élément indispensable de l'insurrection.

Je me garderais bien de tout commentaire ou analyse de cette œuvre dont la puissance ne pourrait être mieux appréhendée qu'en se laissant pénétrer par sa forme brute. Lisez et écoutez plutôt cette interprétation d'Hubert-Félix Thiéfaine magnifiant cette chanson exceptionnelle…

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Premières mesures révolutionnaires : créer l'irréversible

dans la catégorie Ressources

Les précédents billets présentaient l'objectif de Premières mesures révolutionnaires – devenir à jamais ingouvernables – et désignaient le capitalisme démocratique comme adversaire, nous abordons maintenant la seconde partie du petit livre d'Éric Hazan et Kamo dont les quelques 65 pages en constituent le cœur : quelles mesures prendre immédiatement après une insurrection victorieuse pour que le renversement du capitalisme démocratique soit irréversible ?

D'abord, il s'agit identifier les erreurs commises lors de précédents soulèvements ayant signé l'échec de ces derniers à renverser l'ordre établi de manière définitive. La première mesure à prendre est en effet de ne pas répéter ces mêmes erreurs. Cette formulation de la séquence d'actions, reproduite avec constance, ayant conduit les révolutions passées à un renversement contre-révolutionnaire est l'un des apports majeur – auquel se consacre le présent billet – de ce livre.

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Premières mesures révolutionnaires : on a raison de se révolter

dans la catégorie Ressources

Après avoir présenté Premières mesures révolutionnaires d'Éric Hazan et Kamo et laissé entrevoir l'importance que revêt ce livre en s'attachant à ce qu'il convient de faire, juste après le renversement insurrectionnel, afin de rester à jamais ingouvernables, ce billet aborde la première partie de l'ouvrage, intitulée « On a raison de se révolter ».

Il y a avant tout dans ce titre la confirmation réconfortante que l'insurrection est bien la voie inévitable à suivre pour parvenir à nos fins. On pourrait s'attendre à y trouver un constat de l'ordre social actuel mettant en évidence les raisons poussant à son renversement. Il n'en n'est rien, comme on en avait été averti dès l'introduction : il n'est pas utile de ressasser une critique supplémentaire des rapports de domination qui éveillerait les consciences afin de pousser à s'en insurger.

Kamo et Hazan développent plutôt dans cette rapide partie de quatorze pages ce qu'il est nécessaire de poser avant de s'attaquer aux mesures à prendre pour faire perdurer un nouvel ordre social : quelle doit être la cible précise de l'insurrection ? Que doit-elle abolir ? Bref – pour emprunter au vocabulaire guerrier – quel est l'ennemi à abattre ?

Et la réponse peut surprendre…

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Premières mesures révolutionnaires

dans la catégorie Ressources

hazan_kamo.jpgOn entend souvent que les révolutions ne se font qu'aux beaux jours – allant jusqu'à situer au printemps les soulèvements de l'hiver 2011 dans le monde arabe. Il souffle pourtant sur l'automne 2013, un vent révolutionnaire dont les bourrasques se font sentir jusque dans la sacro-sainte rentrée littéraire. Au milieu de ces rafales, un ouragan atteignant 12° sur l'échelle de Beaufort : Premières mesures révolutionnaires d'Éric Hazan et Kamo.

Ce petit livre d'à peine plus d'une centaine de pages, que j'ai dévorées en quelques heures, est d'une telle richesse, d'une telle densité, d'un tel foisonnement de questions, problématiques et sujets dont je désire traiter sur ce blog, qu'il nécessite d'y consacrer une série de billets, dans lesquels je reviendrai en détail sur le propos du livre d'Hazan et Kamo en le ponctuant de nombreuses citations.

Mais surtout, la force de cette tempête soufflée par Premières mesures révolutionnaires vient moins de ce qu'il y est couché par écrit que de ce qui est mis en branle et demande à être enrichi des multiples vents, bises, brises, alizés, zéphyrs, simouns, siroccos, ponants, moussons, foehns, mistrals ou tramontanes se déchaînant durant toute insurrection. Ce livre est avant tout une invitation à se joindre et amplifier la discussion qui bruisse dans ses pages. Je tenterai donc dans la série de billets s'ouvrant ici par une présentation globale du livre de répondre à cette invitation venteuse en insufflant mes propres commentaires et inspirations tout au long de la trame proposée par Éric Hazan et Kamo.

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Sang vert

dans la catégorie Poésies

Debout ! Il faut toujours te tenir bien debout
Si ton poing est serré alors sers-toi du poing
Décroche les lunes le soleil est au bout
Raccroche ton portable il ne te sert à rien

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La fabrique de la loi

dans la catégorie Insurrection

Les questions juridiques, on s'en fiche, on a des juristes pour les régler !

C'est ainsi que m'a interrompu la députée socialiste du Nord, Audrey Linkenheld, lors d'une audition où j'expliquais aux deux rapporteurs de l'Assemblée nationale les problèmes, tant juridiques que politiques, suscités par un projet de règlement instituant un brevet unitaire, alors en cours de discussion au Parlement européen. Je ne sais si elle mentait par ignorance ou tartuferie, mais quoi qu'il en soit, on ne peut se tromper davantage !

Car lorsqu'il s'agit de la fabrique de la loi, mes années d'activisme pour la défense des libertés informationnelles m'ont appris que la compréhension des problèmes et des textes juridiques sont un élément essentiel permettant d’appréhender l’imposition de rapports de domination et de lutter contre. Je n'ai pas la prétention de me prendre pour un juriste, je n'ai fait aucune étude de droit. J'ai cependant acquis avec l'expérience une certaine capacité d'analyse des textes de loi, à débusquer les failles juridiques – capacité assez voisine de celle enseignée par ma formation scientifique pour chasser les bugs dans un code informatique – et à intervenir dans le processus d'élaboration de la loi afin de l'infléchir.

Ceci est à la portée de tout citoyen. Et c'est même un devoir dans une société reposant prétendument sur la démocratie représentative – pour peu que cette expression ne soit un oxymore, j'aurai sans doute l'occasion d'y revenir – de ne pas perdre de vue le contrôle du pouvoir octroyé à nos représentants d'organiser par la loi les règles de vie dans cette société. Je vous propose donc dans ce billet de partager cette expérience de la fabrique de la loi.

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Et la fraternité ? Bordel !

dans la catégorie Insurrection

En me promenant près des Buttes Chaumont, dans le 19e arrondissement de Paris, je suis tombé sur un carrefour intriguant.

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La rue de la Liberté se heurte et se poursuit en rue de l'Égalité, rejetant perpendiculairement à leur intersection la rue de la Fraternité.

La première impression me venant à la vue de ce carrefour fut qu'il illustrait bien là, le peu de cas que l'on fait généralement du dernier terme de la triade républicaine française par rapport à ses deux illustres prédécesseurs que sont la liberté et l'égalité. Puis, immédiatement après, l'intuition que la fraternité possédait intrinsèquement un caractère subversif, propre à soutenir et motiver une insurrection.

Je vous propose donc dans ce billet d'embrasser ensemble le potentiel insurrectionnel porté par le concept de fraternité et pourquoi pas en musique :

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Édellitération

dans la catégorie Poésies

Il existe parfois un souffle qui jaillit
D'un écrin si petit qu'on croit en l'innocence
On caresse sans fin le velours attendri
Et l'on est foudroyé de son aimance immense

Je me suis allongé dans son regard aimant
Et vu l'éternité d'un éphémère enfant


Robespierre et la propriété

dans la catégorie Ressources

M'étant attaqué à la propriété en concluant qu'en aucun cas une insurrection se proposant d'inverser l'ordre social voltairien – sacralisant les rapports de domination des possédants – ne peut esquiver une négation totale du caractère sacré du droit de propriété. Ayant exposé en quelques citations la philosophie de Jean-Jacques Rousseau sur la propriété. Je souhaiterais dans ce billet partager un discours de Maximilien Robespierre devant la Convention, dans lequel celui-ci livrait sa conception d'une propriété qu'on ne peut nullement dériver du droit naturel, car elle est une institution sociale et relève de ce fait de la loi qui la définira.

Robespierre nous donne ici un exemple d'action politique possible en vue de la désacralisation de la propriété lorsqu'il répond au projet de Constitution élaborée par Condorcet en définissant juridiquement les articles qu'il souhaite voir figurer dans la Déclaration des droits de l'Homme.

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